29 Déc Premières études avec l’orgue voyageur « Philéas »
Depuis cet été, je travaille avec François Marsollier à l’amélioration mécanique, esthétique, fonctionnelle et logicielle de “PHILÉAS”, un orgue à tuyau modulaire et transportable de l’association « Musiques Rive Gauche » dont les concepteurs de départ sont:
Yves Yollant : conception et réalisation de l’orgue
Pascal Leray : Conception et réalisation des cartes électroniques et logiciels de l’orgue
Guillaume Besnier : harmonisation de l’orgue
Audrey Rouvin : plasticienne, peintures de la console et du module des anches
Unique en France dans ses possibilités électroniques, chaque tuyau de cet instrument peut désormais être piloté par ordinateur via une session « Ableton Live » et/ou interprétées en direct sans ordinateurs.
Composé d’un module de fond (156 tuyaux de Principaux et Flute), d’un module de mutation (204 tuyaux de Bourdon Anglais, Voix céleste, Nazard et Tierce, un Glockenspiel de 30 notes), d’un module de basse (24 tuyaux de Bourdon 16′ et 8 de Posaume) et d’un module d’anches (128 tuyaux de Trompette et hautbois), cet instrument est de facture romantique. Je l’utilise en jouant directement avec la console de l’orgue (3 claviers et pédalier) et en l’augmentant avec l’ordinateur pour en faire un instrument de musique électronique (avec des effets midi) et le marier à mes automates sonores (percussions automatisées).
Voici une première petite étude que j’ai composé pour l’orgue afin de tester sur Philéas quelques effets « classiquement » utilisés en musique électronique: les boucles en direct (enregistrement des notes jouées à la volée et reproduction par l’orgue en boucle), tremolos à vitesse variable (sur les basses ici), arpègiateur (arpèges créés automatiquement à partir d’un accord), chromatismes (descentes et montées par ton à partir d’une note jouée sur le jeu de tierce), évolution du tempo,..
Le tout uniquement sur les jeux de fonds et mutations et bien sûr en direct (sans ré-enregistrements successifs comme en studio).
Pour la composition, je suis parti du thème d’une fugue de Jean-Sébastien Bach (BWV 559) pour en faire une musique néo-classique minimaliste, très simple en hommage à Philipp Glass & Steve Reich. L’intérêt de ce morceau est avant tout d’envisager beaucoup d’autres possibles pour la suite…
Et tant qu’à vous parler du potentiel de cet instrument, voici une seconde petite vidéo de qualité médiocre (prise avec mon téléphone) d’une autre composition me permettant de tester d’autres formes d’arpeggiateurs, des basses avec des rythmes pré-determinés, des descentes chromatiques sur des boucles, de jeux sur le tempo et surtout de tester pour la première fois l’interaction avec mes percussions automatisées :
Philéas a été conçu à partir de tuyaux, d’un pédalier et de sommiers issus d’anciens orgues, entièrement reconditionnés, rénovés et adaptés à de nouveaux usages. Comme pour mes automates, l’instrument utilise des électro-aimants, ici sous chaque tuyau pour laisser passer l’air. et est piloté via des modules électroniques et micro-contrôleurs low-tech, très peu consommateurs en électricité (Teensy).
La démarche de “Musiques Rive Gauche”, que je partage, poursuit un double objectif : faire découvrir le fonctionnement de l’instrument tout en déconstruisant et dépoussiérant son image (souvent uniquement cantonnée à la liturgie dans l’inconscient collectif).
Je souhaite, dès 2025, donner à cet instrument transportable une vie dans des lieux très différents (salles de spectacles, médiathèques, collèges/lycées, …) en l’adaptant à un répertoire spécialement créé pour lui . Et en proposant un « concert-conférence-expérience » où le public pourra découvrir ma démarche musicale et technique grâce à une démonstration interactive et ludique de mon instrumentarium.